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EXTRAITS

Quelques extraits des formes différentes qui composent ce recueil, poésie sylvestre, incantatoire, églogues aux formes plus heurtées aux jetées brèves...

​Alma Mater

Efflorescences, Éditions du Menhir

tous droits réservés

​

​Tombent les jours,
Dans des poignées d'argent,
Dans un calvaire de terres pleurées,
Un repère de larmes, mal famées.
Du ciel, par delà,
Traversé des gouttes,
Je n'appartiens plus
Qu'aux vents qui pressent.
Plus rien d'amour.
Plus d'attache mortelle et saignante.
Juste une écorchure des nuages,
Et des ondées qui pleurent.
Ad astra, plus de place
Pour sourire ou suppléer,
Aux rivières des gués
Aux ondées des prières.
Les ondées, les ondées ; les ondées m'inondent.
Alma mater, les pluies dans mon coeur.

​Debout

​Efflorescences, Éditions du Menhir

tous droits réservés​

​

​Des vagues, vaguelettes. Du vent, pas tant.
Une terre perdue et des vies par intervalles,
Juste quelques varechs, quelque Baruch
Pour tonner, apeurer et s'abattre.
Oh ! Il y a des Hommes aussi ;
Sans contrôle.
Fermés ; invraisemblablement blessés,
Qui ne savent mourir.
Et aussi des sables, et puis des coquilles, et encore des sillons.
Et des saignées d'eau dans les sables, et des moules vides, et des pas.
Et toujours du vent, des pierres parsemées de sable, du sens, un peu.
Et du sable, envahi de pierres, et des traînées, et des Hommes vivants.
Des Hommes vivants pour de faux, pour rien, juste résolus à vivre sans résolution païenne.
L'eau aussi, qui s'ébat dans des tranchées,
La terre, un peu seule, s'entête et dans une rétention,
S'accroche, se vide, et lutte par ici.
Il y a des corps par là, et des fissures et des coups terribles,
Il y a des temps de vie et des saisons de mort,
Il y a toi.
Il y a l'Alma Mater et du sang de vie sous nos doigts

​​Nu et pâle, les bras sous la tête

Efflorescences, Éditions du Menhir

tous droits réservés​

​

​​Elle m'a rêvé un soir et je suis sorti.
J'ai longé les arbres et les bancs allongés,
J'ai suivi les rails et les pistes des bois,
J'ai couru dans le noir, je n'ai rien trouvé.
Elle m'a rêvé le jour suivant. Une heure,
J'ai parlé dans une langue inconnue.
J'ai chanté des rois sans planète, délaissés.
J'ai ouvert ma porte aux êtres de brume.
Et je n'ai rien entendu.
Elle m'a rêvé toute une semaine et j'ai tué
Un cerf. J'ai arraché son coeur fumant,
Je l'ai mangé. J'ai peins ma poitrine de
Ses sirupeuses traînées. Je me suis endormi.
Et je ne l'ai pas senti dans ma chair.
Elle m'a rêvé une minute, à l'orée d'une heure.
J'ai claqué dans mes mains, j'ai perdu la tête.
J'ai puisé dans mes souvenirs, j'ai cherché
Mon nom. J'ai oublié mes vieilles terreurs.
Et je ne me suis pas souvenu d'elle.
Elle m'a rêvé les yeux ouverts, elle a dit mon nom.
Je suis devenu un nuage emmargé, j'ai plu des larmes
D'eau douce, d'aquarelle. Des larmes sans pareilles.
J'ai vu son visage.
Doucement, j'ai épelé ton nom.

Rouge

​Efflorescences, Éditions du Menhir

tous droits réservés​

​

​Carmin, dans les sangs d'une jument,
Dans les lèvres entrouvertes
Du pétale baisé par les lèvres.
Et rouge
Créé de double, unie par douleur,
Or comme il n'en est point
D'offrir luxe impie, rouge de voiles.
Encore rouge
Mais cuivré, presque brun, tâches
Éparpillées dans les lisières,
Et souffle mourant de fugace maelström.
Il n'est de rouge si fort que la Terre ne meurt
Encrevassée, déchirée de vengeance,
Ouverte dans la nuit, la boîte à lumières.
Il est un bois dur d'hiver et rouge de corolles
De sels, parfumé de résine.
Rouge maintenant dans son soupir sortant
Des épines, des cimes, des songes maudissant.
Et le songe appelle à l'idiome, l'être éthéré
Sort de son somme et s'éveille asphyxié,
Détroussé de sa base, réduit à l'enfer,
De toucher de sa cime la profonde Terre.
Louis d'or et sols et ducats,
Bronzes noirs, argent ça et là,
Mais les chairs emmangées de vers,
Cruels, sans eau, l'or, commun comme verre.
Rouge de ne bientôt plus être pâle.
Rouge tant qu'il est encore tant.
Rouge tant que je le puis.
Rouge même mort,
Rouge par delà,
Rouge enfin,
Rouge.

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